PAUL EMILE QUIGNAUX

mardi 31 mars 2009

Les croisés


Deux enfants nus marchaient sur un chemin. L’un d’eux, un poignard noir à la main, avançait à grands pas, le regard perdu sur la ville au loin. L’autre plus petit trébuchait. Deux gardiens titubant, rasés de frais sous leur grande cape blanche, le bec percé d’un clou, les ont croisés. L’un d’eux les a fixés de son œil rond et terne. L’autre fatigué d’espoir a tendu la main. Le petit enfant a craché. Ils sont passés, poussés par le vent, agrippés par le temps. Deux enfants nus marchaient sur un chemin. L’un d’eux, un poignard rouge à la main, tenait dans l’autre une grappe de raisins. Le petit, les mains jointes, se gavait à sa faim. Deux ombres blanches loin derrière, se profilaient, bousculées par le temps, happées par la plaine, nappées de nuit, bleuté de mort, les mains basses tenant leur ventres ouverts.

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