PAUL EMILE QUIGNAUX

mercredi 20 mai 2009

Autiste 2


Celui-là est voilier de verre tombé dans la mécanique d'une déclinaison sans objet. Il flotte sur des lignes sans retour, pentes parallèles à la mort. Un pêcheur gelé, volé de son brasier sur une barque démâtée. Pareil à l’oiseau qu’un ciel rond sans sortie a voué à l’errance. Il a déposé ses plaies, breules, vieux appâts secs sur des plages de terres rouge. L’heurt le panique. Il transit à la lumière et recule. Le moindre angle sur sa mer le propulse dans de longues courses, délavant sa burine, ses traits sans âge. La foule est d’écueils. Il fuit dans sa fente. Sa frayeur est de casser.

mardi 19 mai 2009

Dentalesque

Allez les gloglottes ! Ecarte-lèvres et ouvre-bouche ! Tenez, chers confrères, là, là à l'emplacement des dents de sagesse, y a encore du baba au rhum! Pleure pas fillette ! Allez qu’on m’aide! J'veux d'la viande firmière. Et qu’on la pende. Hé ! Par les pieds ! Cette lunaire a avalé une petite cuillère…

Ultime


Dans la dérive sans mots d’un poul perle, silence, trois gouttes d’eau. La première, épaule, agrippée à terre, bleuit. Errance. Sourit la crainte. La seconde, en ventre, brûlée au fer rouge, cristal, scille l’effroi. La dernière, en pointe, nichée au bas des reins, béance, suinte de lymphe. La dérive ne bat plus…


samedi 16 mai 2009

Délit mineur


Ok, je vais vous dire. Greffier, note mon bon ! Ma bouche est un oripeau fumant sale, irisé de croûtes, de plaques brunâtres, une balafre alourdie par des miettes de pain trempées au rouge blanc rosé. Des restes mous de casse-croûte. Je suis un banc. Situation ? A sucer les bouchons. Introduire ma langue dans le goulot, la tête en arrière. Quand y a plus de vin y a plus de centre et comme une poche de fiel ou de bile à la place. Les gamins avec des détritus font des petits lacs, allongés dans les caniveaux. Moi mes gencives sont la retenue. Je pue vert-de-gris et peut-être de larmes. Pour moi un escalier n’a qu’une seule marche. Dix sept centimètres de haut. Des mètres de long dans l’intestin. En fait, voyez vous, mon horreur, je suis père pendiculaire , un cul buté bas. A gauche ou à droite ? Oh et puis basta ! Laissez moi sautiller un peu, agiter mes batteries, faire mes rôts noirs de solitaire urinaire. Maintenant, j’peux partir ?

samedi 9 mai 2009

Overdose


Eux, pendus. Et toi ANTELO, parrain vers ma troisième fille. Cave ulcère de sang par la tête. Ma cuisse seule s’arrache. L’îlot serre et l’injecte d’huile sous le vif de la peau. Douze travaillés avant les vers par les hommes. Golgotha à l’envers. Ce qui reste de cou en bas mêle leurs cheveux à la dalle de fer. Toi JOHEN. Ton arbre. Tes bras-branches. Vieux ridé délié mâchant sa faim pour mes filles aux dents cassées qu’elles plantent dans les racines. Vos sexes déchirés brûlés par la bave, l’électricité et les rires sales. Je quitte mon chien, prends fourche, miel, eau et l’écharpe de leurs cendres. LA LUTTE C’EST TOUT. Et la première troupe est venue. Un à un pendent. Sulfure sous peau avant terme. Marche d’épines. Il y avait des femmes aussi soulagées de leur lèpre. Des rats en festins sur vos vies, par vos orbites vidées, grouillent sur les mousses, celles de sang qui courent de vos bas-ventres à vos joues. VIVIADO et ta femme, LA GRIMELA d’orge. Orge, c’était du porcin grillé ce jour et de la nuit couloir depuis. 40 heures que je suis là. Ecorché, rejet d’entrailles. Entaille- rou que calcine vos ondes, vos fleuves nus que cerclent mon index recourbé vers vous. Tu ne sauras jamais LECTEUR, mes filles racines non plus. Gencives muettes. Je vais céder. JOHEN, VIVIADO, ANTELO, GRIMELA , et vous AUTRES. Mes seins dégorgent. Je ne vois plus mon sang couler vers vos cheveux, sécher sur vos yeux.

Couple


Ton sein gauche avec accenté un mur de paille rond à l’entour. Ce s’rait beau, pas ? Foutre d’osmose, nasille la mère, j’t’aciderais ça d’criole d’avoine, d’mots moines et d’pénultièmes d’iaux, da Dieu qu’oui…Va, axiome le père. C’est comme les filles de Circassie, celles de Voltaire, dextères et blanches, pleines d’orbes et d’myrrhe.
Là, làààà où cavitent nos soifs, là, lààà où s’pongient nos rêves, dardèrent en chœur les deux vieux, l’un pelotant les fesses douces de la vieille. L’autre fidèle, passant la soupe…

Mosquée


Venez ! Entrez ! Là, en moi ! A pieds nus, en mosquées !

Des syllabes roches ruissellent de vos corps. Ecoutez ! La pénombre ruisselle…Entrez à pieds nus, en mosquées d’eau, en mosquée bleues, du sable sur une aube dense et hâvre.

Et elle, elle, blanche, qui reçoit. Minéral ouvert. Ecoutez ! Il pleut ! Si l’un d’entre vous a son violon, qu’il joue, qu'il joue...

Fauteuil brazil


Toi telle une ombre, un champ aplani criblé de noirs, de coups de becs à pierre fendre. Tes lèvres entre-ouvertes un peu gercées. Un pinceau sur le nacre. Une trame que tu larmes pour me dire, me glisser caresser qu’assise dans ton fauteuil, genoux repliés, pieds nus entre les flaques de sueur éparses, tu penses aux corps féminins sillonnés. Ton regard d’île mutine, peuplée d’oiseaux, blanche comme les os. Du sel, de la terre, du givre à la vitre qui me tendent ta morsure. Aube marine d’une nuit d’amis et de vins où tremblait ta main, moraine bleue prise au glacier au fond d’une vallée. Rejet sur le sable et l’herbe d’un ancien voyage grain à grain sur ta peau. Puis un fou noir s’est remis à chanter du loin de sa jungle son pays à la guitare, l’odeur humide et la moiteur végétale, les chemins intimes et soyeux de feuilles animales, la touffeur d’une aisselle. Ta suée, ce lignage trouble torturé du drap retenu par tes jambes et tes seins. La ballade d’un pêcheur qui goûta le corps de Yemanja, une nuit à mi-eau. L’amour d’en-dessus, d’au-dessous, liquide, iode et miel.