
Toi telle une ombre, un champ aplani criblé de noirs, de coups de becs à pierre fendre. Tes lèvres entre-ouvertes un peu gercées. Un pinceau sur le nacre. Une trame que tu larmes pour me dire, me glisser caresser qu’assise dans ton fauteuil, genoux repliés, pieds nus entre les flaques de sueur éparses, tu penses aux corps féminins sillonnés. Ton regard d’île mutine, peuplée d’oiseaux, blanche comme les os. Du sel, de la terre, du givre à la vitre qui me tendent ta morsure. Aube marine d’une nuit d’amis et de vins où tremblait ta main, moraine bleue prise au glacier au fond d’une vallée. Rejet sur le sable et l’herbe d’un ancien voyage grain à grain sur ta peau. Puis un fou noir s’est remis à chanter du loin de sa jungle son pays à la guitare, l’odeur humide et la moiteur végétale, les chemins intimes et soyeux de feuilles animales, la touffeur d’une aisselle. Ta suée, ce lignage trouble torturé du drap retenu par tes jambes et tes seins. La ballade d’un pêcheur qui goûta le corps de Yemanja, une nuit à mi-eau. L’amour d’en-dessus, d’au-dessous, liquide, iode et miel.
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