PAUL EMILE QUIGNAUX

lundi 8 février 2010

Coqs au nord du Rio Grande

On monte quelques marches d’un temple sur l’arête d’un bec d’oiseau. Des bancs sur les contours. En bas, une arène ronde comme un lobe. Puis, puissance de l’air serre, ceux qui se pavanaient s’effondrent écharpés dans les ergots du volatile flambeur. Les murs à l’ultime ne peuvent éclater. Autant crever prostré dans le sable fienté. Le cheveu détrempé de téquila frelatée taquinant les crêtes pour qu’elles trépignent. C’est l’heure de la lutte des hommes dans l'étable des coqs. Quelques pesos dans le cercle pour les exils, les terres et enfants quittés, pour le retour, le sang brûlant, les berceuses oubliées. Les griffes arrachent un peu de duvet, à l’extrême,des plumes, à la limite des cris rauques des coqs égorgeant. A marquer l'air d’un tranchant carotide. La bête convulse sa défaite. Et l’amer de la boule en gorge qui ne s’avale pas. Le maïs égrainé sous la pluie quand chaque grain dit le pourri de sa fin, sa castration par l’humain, la fécondité contrôlée, le dessous des tables des semences, des pulsions de sève sans arbre, des suintements de lait sans pis. Et ces regards grillés, ridés, vrillés vers le Rio Grandé et nous tous autour des coqs immolés.

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