PAUL EMILE QUIGNAUX

PAUL-EMILE QUIGNAUX

samedi 27 mars 2010

C'est fini, qui vivra verra...


C'est fini pour ce premier blog. J'avais une soixantaine de textes sous la main. Ils sont là avec des illustrations en contrepoint. J'ai encore un texte datant du passé , le plus long, le plus énigmatique et le plus fragmenté. Son titre est "librellules". Il est trop long pour être publié ici. Il faut que je trouve une solution audio pour ces textes. Malgré leur apparente dérive et pour certains leur incohérence, ils sont lisibles à voix haute. Une mélopée en émane. Elle a quelque chose d'un jazz impro, d'un jazz à mots provoquant des éclats d'images. Au tout début, il y a longtemps, il s'agissait d'une recherche personnelle, d'une confrontation avec le vain de l'écrit. Ces textes étaient alors bruts, saillants, plein du jeu de leurs sonorités désaccordées. Je les ai assagis. ls ont été émoussés pour ne pas trop couper. Il y aura une V.2 faisant suite à cette V.1 sur laquelle je reviendrais pour la trafiquer encore un peu, pour le plaisir de la manipuler encore, pour saler, poivrer, pimenter, remettre du bruit, du discontinu, de l'embrouille. Qui vivra verra !

samedi 20 mars 2010

Fragments d'interview sur mes vols d'Edo



Question : Votre souvenir le plus fort ?

Réponse : A l’aplomb de shinjuku est passée une caravane de très jeunes aborigènes nus et une cohorte de moines tibétains auréolés d’arc-en-ciel, assis en tailleurs, couverts de manteaux safrans, tous concentrés sur une longe trajectoire qui devait être millénaire. Long plané léger pour les traverser. Je me souviens de l’odeur de neige et de parfums sucrés, de sable et d’étable quand je les ai croisés…

Q : Des trépassés ?

R : Sans doute, mais je n’y ai rencontré aucun de mes morts, que des sourires évanescents, indifférents à notre présence. Par contre, beaucoup d’oiseaux de nuit surpris de me voir si haut, dans mon âme, sorti sans ailes de mon corps. Non, aucune sensation mortifère. Là-haut, la finitude est incongrue, déplacée, presque risible. Il en est de même pour l'idée d'éternité. C'est incompréhensible. D'ailleurs, en vol, de ça, je crois qu'on s'en fout !

Q : Vos amis de vols ?

R : On se devinait au loin sans pouvoir jamais s’approcher. Par exemple, je savais Myasaki en suspension au dessus de Shibuya, Goran de Kichiyogi et Thierry suivant l’invisible Sumida. Aucun de nous ne contrôlait totalement son vol. Des aimants semblaient nous guider. Planeurs de nuits, nous suivions leurs champs de force et seulement parfois nous pouvions passer de l’un à l’autre. Curieusement, sans nous voir, nous nous ressentions. Cela nous procurait une confiance absolue…

Q : Tokyo de là haut ?

R : Nous l'appelions Edo, c'est-à-dire de l'ancien nom de Tokyo mais ça n’a pas d’importance. Nous planions seulement au dessus de ses villages. C’était surtout un ailleurs d’odeurs, d’images et de vibrations. Une caresse du temps et de l’espace recourbé sur nous, des senteurs amazoniennes mêlées aux gaz carbonique de Londres, des fraîcheurs d’iceberg colorées de blés mûrs surchauffés par le soleil, des embruns atlantiques déposés dans les Oueds du Désert de Libye. Là haut nous n’avions qu’une certitude, nous percevions qu’en bas la terre tremblait sans cesse. Des ondes multiples et infimes, permanentes et vibrionantes.

Q : Comment décolliez-vous ?

R : Pour partir, il ne fallait que se regarder et sur la natte s’endormir un à un. Un air très sec était nécessaire pour s’échapper de nos carcasses. Le corps astral comme les chats déteste l’eau. On se détachait sans angoisse, sans nervosité, sans même le savoir. Les aimants venaient nous prendre délicatement, nous accueillaient aimablement et avec une sorte de ferveur attentive dans leurs rondes atomiques. Aucune tension en haut, pas d’émotions, pas de désirs. Là haut, nous étions des amybes célestes, des cellules sensorielles, des corps sans matière, des particules, des atomes personnifiés…

Q : Vous voliez souvent ?

R :Je vous l’ai dit uniquement par temps très sec. Cela limite beaucoup. Moi j’ai volé trois fois sur mes sept séjours à Edo. Thierry, Goran, Myasaki et Kichiyogi qui y vivaient volaient trois à quatre fois par an…

Q : Mais, c’est impossible de vous croire …

R : Nous ne demandons pas à être crus. Certains savent et d’autres pas. Cela nous était offert et nous ne savions pas pourquoi …

Q : Donnez une preuve ?

R : Aucune n’est possible. Ah si il en existe une. Une vieille prostitué de Yoshiwara. Repoussés dans nos corps par une force douce et imparable, nous sortions de nos désincarnations terriblement affamés. Cette vieille prostituée au visage de momie était insomniaque et tenait une sorte de micro-épicerie éclairée par une lanterne. Nous nous y précipitions. Elle nous accueillait d’un grand éclat de rire, sortait une sorte de purée blanche très sucrée à base de racines dont nous baffions comme des porcs. Elle riait de plus belle à nous voir et nous servait ensuite une sorte de soupe de navets marronnasse, du thé et enfin de la bière. On ne lui parlait pas. Elle était la complice de nos vols. Elle vit toujours. Je suis passé la voir lors de mon dernier voyage. Malgré les trente ans passés, elle m’a reconnu et m’a simplement dit narquoise: « tu passes cette nuit ? ». J'ai éclaté de rire et l'ai embrassée. Ses joues ont rosi telle une adolescente.


Brochette de cachalots


Alors, vous voyez, vous prenez une grosse tringle à rideau et puis vous y allez. Un cachalot , un chamalow , un cachalot, un chamalow, un cachalot, un chamalow, vous les enfilez, les uns à la suite des autres, comme pour une brochette. Faite attention, les cachalots peuvent être encore humides et, si vous ne vous essuyez pas les mains après chaque cachalot vos doigts vont coller aux chamalow. Une demi-douzaine de chaque que vous saupoudrez de safran et nappez ensuite de milkshake fraise. Vous cachecolez le tout dans une grande lamelle de feuille de bananier et vous mettez au micro-onde le temps que les cachalots ne frétillent plus. Ensuite, vous grillez au chalumeau le dos des cachalots et chaque face des chamalow. Vous dégusterez avec un chablis que vous aurez portez à ébullition pendant la cuisson et refroidi violemment par une eau gazeuse énergisante glacée juste avant de servir. Un filet d'huile d'arachide voire mieux de foie de morue sur chaque tringle garnie pour finir. Bon appétit…

Pamanteries...


Les mères vieilles mentent et leur fiel m'hante. Les mères veillent leurs merveilles que les pères cher payent. L'amant s'éveille au sans-pareil et va les sentes humant la menthe qu'amère la mère sent. Dans le repaire des pères qui n'osent l'impair se terre encore la mère qui se plante amer en mer jusqu'à l'infini de leur vie. Parmi les repères des mères se pointe aussi l'impaire, la différence séparant le même, l'inconcevable amante qui s'alimente du désir d'un nouveau temps tailleur tentateur. Il y a aussi l'amer mâle de la pleine mère, reflet du pair femme, de l'en-terre dit père. En fait peu d'océan nique la mer et les pamans mentent. Au nom du Père, les non-dupes errent, disait Lacan et pour les fils saint d'esprit, c'est encore pire…

dimanche 7 mars 2010

Lesbiennes sérieux !





Patachou vient dans le cou de Marilou qui hurle au loup son émotion zoulou, ses gilili en dessous, ses rires partout pas tout, sa mine à mous d'amour qui nous fait dire hé, et nous, et nous ? Dans les averses de leurs bras doux, dans l'abri de leur nid de coucou, dans le cou, dans le cou de Marilou qu'aime fort sa Patachou.

Garde à vue


Que t-ont-ils calciné sous leur projo ? Ta cité taciturne, ta turne surpeuplée, ton vieux aphasique, ta zique débridée, ton scoot rapté, ta mère et tes sœurs pré-burkées ? Lève ta tête mon frère, tu vas pas supporter ça ! T'ont mis à nu, les cons ? T'ont fait pleurer ces fions ? T'ont tordu le cœur en serpillière et pissé dessus ? Tu pues pas ! T'es ragé ou t'es plié ? T'es honteux ou malheureux ? Tu trouves pas les mots, c'est ça ? Respire, expire sinon il empire en toi leur empire. Tu suceras toujours les pis d'leur peur aux pires heures, tu resteras beur, beurre à tartines et lave-latrine. Ils ne savent pas ce qu'ils font, ni qui ils sont. Ils sont des âmes errantes dans des arcanes noires, des pigeons croisés aux rats et aux corbeaux, des enfants sans enfance, des blindés de conscience, des verrues de vertus crues, des petits élus déçus, des manques-à-vivre et à aimer, des dessoudeurs de dignité qui ne récoltent que ce qu'ils sèment. Toi, toi, t'es plus beau, bien beau que ça car t' as que seize ans mon gars ! Sèche tes larmes...

Laisse-cargo


Scargo, laisse cargo, cargo serpent. Un Liberty ship avec un élastique au cul accroché à Ellis Island. Visquant vicieux vers l’S de l’Est. Coquille de noix sur l’océan limace de mes neurones qui bavouillent secs. Escargot ! Pourquoi pas colle et hop en terre ! Je pense à Colette enfant qui pleura en apprenant qu’un presbytère n’était pas un papillon. Porte mémoire sur corps rampant, porte leurre et porte pleurs. Cargo, car go, go go ! Petit gogo des laisses qui sifflent sous nos têtes. Vieux Liberty Ship englué dans la confiture de mers mourantes, asphyxiées, plastifiées. Molle loque de mollusque. Les mots sont lourds ce soir. J’ai un S marin, un S voguant, une limace sous iceberg gluant vers les cieux dans les plis laiteux de la serre veau lente de ma carnego…

Guantananaries



Une île fortifiée au large hors d’une couverture de jute. Sac orange, un corps se dérêve. L’œil plane sur la décharge du monde, s’enfonce à mi-course dans sa base vase. La poitrine s’ouvre autrement qu’à l’habitude. La respiration y grimpe comme un ver tortillant vers la gorge, au dessus des narines palpite et la bouche halète au carreau des cercles d’humidité. Des cercles ! En bas, tracés de peinture autour d’hommes debouts, nus toute la nuit dans la cour, des photos de putes autour du cou. Mal de crâne. Ceinture à clous prise aux tempes. Cuir chevelu crépu, pellicules d’égouts. L’odeur des visages marchands de phrases et de grammaires aboyantes. Un seul pas vers la cuve d’alu où ils sont venus criés. Le ciel défile bleu et rouge étoilé puis de plein d'autres drapories. Ils parlent même plus. Y verser le premier café. Leur mains jointes sur la timbale par le judas tout juste grand. Pas trop de sucre. Dire de les raser. Partir en lentes brassées vers le fond du jour, vers un Droit replié pour des siècles effondrés.

Myopathe terminal

Appuyée à sa cornée, une attente démesurée, sertie aussi dans les gercures de sa main qui empire, gonfle et transpire quand elle parvient à son regard. Entre temps, laborieux, il stationne, tourne en carré, rond, ou losange. Qu’importe! Minutieux au bruit qui dans sa poitrine respire et empire aussi les feulements de son souffle, les battements intérieurs qui canalisent la crainte. Battance depuis l’éveil et de plus loin encore.Sur sa lèvre supérieure, des traînées jaunes qu’on ne mouche plus. Sa marche dans les pièges des toiles aux froides découleurs. Un lieu arianisé sentant fort ce qu’il laisse au bas de son fauteuil, son territoire renard éponge, sa pisse de frontières improbables. Pleut même plus de l’eau tout contre ses portes étroites que de la neige fondue. Aucun sourire crétin. Il s’affaisse sans gravité. Il tombe le dos sans mur par millimètres pendant des heures immobile dans le ciel guettant sa béance. Tu peux lui prendre la main. C’est de la pâte à papier du chiffon-os broyé fracturé menu, sans veine, à peine d’ongles. L’attente sans craquement. Grégory vieillira juste un peu ainsi, encore quelques jours.

vendredi 19 février 2010

Exécution impériale


Empereur aux sens fragiles. Trône pétoire. Toutes ses lois abattoirs. Sa gabelle sur le miel, le seigle, les chèvres et les femmes. Plein de pourboires en cassation. Incunable tenace posant sa main au loin vers ses archipels à l’horizon. Il tourne vers moi ses yeux grisés sans sagesse, acide, songeur, hâbleur. Mélange de soif, d'hébétude et de déception. Rage aux bas-joues barbes. Prophète en carriole. Peuple éperdu sur les routes. Ses lèvres bleuissent. Sa verve en écharpe. Ses discours à béquilles. Déjà connu, déjà vu. On joue ? Regard circulaire de lui à moi : "A quoi ?" Rétention du temps sans compassion,. Clin-d’œil et rires jaunes. Il sort une dague: "A ça ?" Entre les doigts écartés sur la table, en saccades, pluie de grêles, entre les phalanges. Lame éclair entre les os, plantée et reprise au bois. A qui s’y coupera un doigt ! Empereur pas hostile. Juste débile. Face hostie fourguée aux niais. Mariole à corruption. Nez coulant. Empereur obscur des mines de sel, de larmes, d’argent, de peur, de sang. Sa Majesté s’affale. Une vierge servante s’effondre sur les tapis dans ses plats. Les laquais complices l’insultent. Elle rougit, tire sur sa jupe. On voit le haut de ses cuisses. Personne n'a entendu. 9 mm rougissent entre les yeux serpent du metteur en peur. Je pars. Personne ne m'a vu.

Tanatha

Tout respire ici avec mal et sursaut. Pavés, murs, vies suffoquent, s’épanchent en fumées carmin lourdes. Des pierres s’échappent des orgues ocres, des sons haleines, du bruit laiteux. Déjà le sang perle. De la peau tondue. Des chiens qui crèvent. Des crânes ont vomi du gaz en gerbes. De la cendre des corps s'est élevée. Deux ou trois mètres. Sur le sol serpente du sifflement blanc éteint. Les murs se sont soulevés aussi. Autant de poitrine dilatées. Chaque cellule imberbe dessoude en silence sa toute puissance. Une ombre, ombre-enfant sur la lune se détache. Une petite fille saute au ralenti à la corde. Ses nattes buissonnent doucement à chaque expiration. Dernière, tiède, elle sourit et saute, saute sans empressement, saute à quitter terre lentement. Elle rit, rit sous la nuit-rétine qui s’éparpille.

dimanche 14 février 2010

Méprise

L’automne avec ses grandes pinces de crabes. Vieux crabes de sous-bois jaillis de ta poitrine jaillie rôdant sur le tapis de feuilles mortes grimpés parfois en travers dans les gorges jusqu’à la bouche grimée tels ces rats des égouts jusqu’aux éviers, baignoires et tous les trous. Je poursuivais mon moyen-âge d’odeurs, d’urine, bouses et fadeurs. La retenue érigée, le gémi inaudible. Des balladins troussant sur la terre battue. Des soupirs d’actes. D’intenses flottages mouvelant la chair mollie. Perdu dans les caches et mares. Puis la rigidité de ton visage. Liquéfaction sans sanglot de tes gestes sous la peau.. Une première secousse incompréhensible. Première avec des fissures partout, sous les ongles et dents. Dans mon ventre du gel aux rives de la coulée. Les restes effondrés. En finir vite de ta renverse d’absente mouillée. De l’inquiétude à chiquer. L'amère de la méprise.

Macumba no

D’un long trépas, une respiration renaît découplée. Le ciel s’évase en cathédrale folle laminée où pierre et eau s’initient. Deux lignes d’aube vive s’allongent. Sous une voûte filent le sang et le linge, souffles et inquiétudes. Un corps prie, appelle et les doutes-fleurs se courbent comme à la venue de la nuit. Pendante, l’onde des terres se dessèche et l’humus convulse. La chair argile se durçit, aux lèvres rires d’une chute à l’havre d’un cadavre. Au centre de l’erre, une bouche blessée d’où jaillissent torves les vives yeux, les vacilles de cent cierges. Une cresselle crépite. On tête baisse et fièvre s’asseye. Chacun ceint à l’abdomen sa frontière des au-dela; Tous se scellent silencieux. Plus rien ne danse, plus rien ne transe. Bois Brazil se consume.

lundi 8 février 2010

Coqs au nord du Rio Grande

On monte quelques marches d’un temple sur l’arête d’un bec d’oiseau. Des bancs sur les contours. En bas, une arène ronde comme un lobe. Puis, puissance de l’air serre, ceux qui se pavanaient s’effondrent écharpés dans les ergots du volatile flambeur. Les murs à l’ultime ne peuvent éclater. Autant crever prostré dans le sable fienté. Le cheveu détrempé de téquila frelatée taquinant les crêtes pour qu’elles trépignent. C’est l’heure de la lutte des hommes dans l'étable des coqs. Quelques pesos dans le cercle pour les exils, les terres et enfants quittés, pour le retour, le sang brûlant, les berceuses oubliées. Les griffes arrachent un peu de duvet, à l’extrême,des plumes, à la limite des cris rauques des coqs égorgeant. A marquer l'air d’un tranchant carotide. La bête convulse sa défaite. Et l’amer de la boule en gorge qui ne s’avale pas. Le maïs égrainé sous la pluie quand chaque grain dit le pourri de sa fin, sa castration par l’humain, la fécondité contrôlée, le dessous des tables des semences, des pulsions de sève sans arbre, des suintements de lait sans pis. Et ces regards grillés, ridés, vrillés vers le Rio Grandé et nous tous autour des coqs immolés.

samedi 6 février 2010

Châles

Foutre d’veste, cyprès d'châle noir en plis d’nuages, sirocco d’village. Sommes vieux et vieilles qui crient des mains aux postes désertes, à l’école débris. Reste une marelle retracée à la peinture, monumenfant aux disparus; Hémorragie en châle en noir de morts à venir. Qui portera ma boite ? Pas toi Jérôme avec tes cannes, ni toi Richard, tu n’as plus de bras, plus de tête d’ailleurs, que du pinard ! Ni vous Rose, Aïcha, Marie ou Nina. Vous êtes femelles aux seins à genoux, des ventres de cendres, d’oubli, d’adieux. 54 maisons. 45 de vides, 4 chiens, 19 chats et un bourrin sur la place festoyé par rats, mouches, asticots. Deux mois d’hiver, trois partiront en châle solitaire misère devant comme par derrière…On a décidé les quinze restant de crever seuls, en châle de larmes, blessés aux reins, aux mains, aux yeux surtout aux crânes et à Dieu. Ne montez pas, on vous tuera; reste plus de fusils que d’gens. Jérôme assis tire encore bien. On a plus de cartouches que d’ans. A nous quinze, écoutez ! Plus de mille printemps. Ha ha, voyez, sommes vifs argent malgré nos châles nuages d’honte abandon et de vents.

Libres arbres

J’imagine des forêts gigantesques dans nos montagnes, des arbres de morts. Des enfants sur les décompositions entre les marques bustives de nos passages y font collection de feuilles abandonnées chues à la patience de l’humus comme gestes, regards, sourires et pleurs des branchus que nous étions. J'imagine des fontaines de racines plongées dans les restes particules chevauchant les os, nourries des carnes et chairs ensevelies là. J'imagine des ombres au vent, tièdes et douces effleurant les jeunes pousses, vibrantes de vivre, terrées des larmes des disparus. Pour la Liberté les fous de 89 avaient planté un arbre. Pour la mienne, pour mon trépas, je veux des arbres.

dimanche 24 janvier 2010

Le poirier

Quand tu grimpes en esthète par dessus mon corps prônant la joie de l’aube des danses, des fourmillements cérébraux, des fleurs lascives, la fin des dentiers balbutiant sur leurs charnières made in china, quand tu clames soulevant mes mains jusqu’au dessus de ta tête à la renverse que le monde carbure à la verticalité et que c’en est assez car nous manquerons d’oxygène et plus grave d’érogène, quand tu écrases ma poitrine de ton menton, pensive sous mes narines… Alors quelques ruisseaux fous resurgent en moi, privés d’air à la gorge, strangulés et je m’étonne des sédiments déjà carrière où les sables de millénaires s’entassent par couches ocre, rouge et blanches… Des racines y puisent pourtant un peu d'eau pour l'arbre dressé, pour toi, toi tête en bas, en poirier, tes cheveux répandus flaque noire sur mon ventre.

Déluge


A l’intérieur, il y a des caissons arides mais sans lumière. On y laisse des gens pâlir et se rider. Ils sèchent là leurs croyances dissonantes. Ils ne se voient pas bleuir mais s’écoutent égarés sur la paille. Ils spéculent, parient sur les râles de celle-là, sur les déperditions de neurones de cet autre, sur les défaillances, les lèvres, la gorge, la langue, la vulgate venimeuse, les morsures, les mâchages, les rôts, les digestions qui se fondent dans la lamenteuse symphonie des eaux. Dehors, depuis trente ans, le ciel est bas et les heures diluviennes. Le monde s’est embavé, amoindri dans l’humide infini. Les trombes. Des cancrelats parlent aux cancrelats sous les chutes brouillardeuses. L’amour est plus court qu’un éclair. Les coïts filandreux et les grossesse des métastases qui respirent, des rhumatismes et des sifflements tuberculeux. L’enfance en deux ans. L’adolescence en un. La fécondité pendant un an et la sénilité à cinq ans. La mort à six et au mieux sept. Cela dépend des latitudes. La vie n’est plus qu’une fugue sous des gouttes en forme de poing, là où les branches supportent des fleuves et les feuilles des torrents.

lundi 18 janvier 2010

Allons z'enfants ….

De grands masques silencieux comme l'ypérite. Dents blanches avec par derrière de l’y-voir sale. Un goût âcre de rétention et de jeunesse éventée. Un étaillage de mots et de mépris, de justifications et de permissions pour retenir le silence. Pousse à pisser de peur pressante et, dans les miroirs, la panique et les pertes de même qu’un soir le fonctionnaires ne rentre pas, couché sur un banc dans le métro, le sang d’un viol sur la bite. Des enfants bien à eux, en ruptures consommées, le mal au cœur suractivé, juchés un peu partout, dépris par les mots, rompus, repus des raisons asservies de leurs aînés, des vieillards jeunissant bafoués et sucés par l’attente, leur lucidité réduite à se courber sans remuer les lèvres sur le procès ouvert à vingt ans et qui fait déjà jurisprudence chez les mioches à huit ans. Des couples à la découpe de l’écoute qui entendent buissonner la répétition et le crépitement de leurs cellules en division. Des yeux secs, secs, incapables de pleurer…

dimanche 20 décembre 2009

September 2002

Vents rectilignes qui passent tièdes et marins. Estuaires et suaires. Dans la poussière déambule une vieille chinoise, le dos chargé deux sac-montagnes en plastique plein de boitaluminium pieusement pargnées; coca, sprite, bières et quanti tutti.

Au carrefour braille un fauteuil sans-jambes qui passe sur un égout, gueule et freine, y reste ivre dans ses bouffées chaudes, extatique, templant de son rire hagard le carré de Ground Zero.

Des chiens Cueco par centaines de Wall Street et de plus haut sont descendus, cabots consciencieux qui dans les blés en herbe sussotent de jeunes épis sans répit. Meutes fantômes dans la lumière, en bure tweed et cachemire nimbé de For Men Diesel.

Une catholique fait la manche « God bless you » consacrée, en proie, guettant les plaies de ces lasquenets qui se comblessent. «Walk !» fait la loi. De l’asphalte sortent des enfants nus qui streetent la vieille chinoise, se volièrisent, mordent les oreilles des chiens Cueco, les lèvres du sans-jambes et la prière catholique. Les sirènes sont là, toujours là ! Mais toi, mon Manhattan, où es-tu ?

Un tilleul peut-être ?

On devine sous ce tilleul odorant une cape or et tiède, des allumettes brisées, trois mégots ressucés, un arc tendu d’ennui et quatre soupirs d’émotions qui s’acheminent vers l’abîme. A l'aplomb de ce tilleul menthant le vent, trois pas de fuite, deux de danse, et un de souffre. Finie, sa sueur pubisée. Evaporée son parfum de soir. Aurore en plan, dévasté. Passe un vol de saints de mille ans d’âge en V comme vain puis un nain chinois à noires nattes. Crainte de l'aube. Une gamine ridée s'approche maintenant du tilleul. Etrange, elle y pisse comme un chien, une patte levée...

Murmûres

Parle moins fort ! Il y a un homme, là contre ce mur, marchant, incrusté, dépossédé volé de sa moitié, avec un tiers de sa cage thoracique empêtrée, flottante, translucide, aspirée dans ce mur. Il semble marcher mais rien n’est moins sûr. La mousse s’étend sur son bras droit. Ses doigts sont rongures. Il paraît progresser. Tout son bras gauche par les moellons est investi. Son épaule bleuie est largement compressée. Son genoux aussi de minéral est veiné. Dans le granit ou sur ses os, qu’importe, un roncier s’installe. De loin, je vois mal mais, semble-t-il, sa hanche est transpercée. Oui, puisque déjà en dessous du poumon le roncier ressort et au bout d'une branche croissent déjà deux mûres. Marchons, marchons plus vite, ne restons pas là !

lundi 30 novembre 2009

Mort fine !

Hôpitaux blancs. Tribus malades vouées au rang, aux lits du temps. Foethales. Narines cannelées. On aura tout fait ! Total morphine ! Taisez-vous ! Taisez-vous ! Diplomocus zero. Médecins des champs, médecins des villes aux gants laiteux désabusés. Foules cancérées, oxygénées. Gènes à trop se fier. Coma tripale, coma nibal. C’est pachyderme. C’est 10 000 balles. Ya de la zétudes en sus. Santé divine, corne de bombance, cigares, car Diaque a dit point d’émotions. Divins mêle-anges, Satan ça tangue. Mou, mou et flasques. Injection ! Injonction! Décancerez, décancerez ! Mais non, mais non. Obsessions machines. Baisetroniques, nique la mort ! Miracles culant au vent de l’histoire. Soleil criard tout en plein phare. Les rondes des soirs en pas carreleux. Chambre numérique aux cultations toutes les secondes. Corps médical, santé milice. Eau de mélisse ! Je pleure. J’ai mal à ton âme fixée si loin de moi. Les fous de bassan ? Tu ne voleras plus, ne voyageras plus. Tu ne crèveras pas de l’attente sèche de la vieillesse mais de mort main, demain, d’un oui médecin. J'te le jure…

Trafic d'orgasmes



Dans les mouroirs cossus de grandes villas boisées aux limites de la ville, à l’opposé des terrains vagues, des tôles et planches de l’insurrection impossible, rêvent dans l’ombre, bière en mains, des hommes gras aux lèvres minces , de blanc blousés, que viennent visiter les dames pour s’amuser un peu, toucher le sang affleurant des béances encore ouvertes de corps anesthésiés. Sous la lumière cyalithique, certaines, celle-là par exemple, venue cette fois sans mère, enfoncent leurs doigt dans la matière d'un rein tressautant .Jeunes et belles, elles se maculent, sortent leurs seins, mâchouillent des petits bouts de caillots, des éclats inutiles de chairs ou d'os, relèvent leur jupe, se barbouillent, se détrempent , se mouillent sous les rires des hommes aux bières dollarisant chèrement leurs permissions.

lundi 23 novembre 2009

Y a de la reprise dans l'air ?

Cela fait 6 mois que je n'ai pas ajouté de textes ou de photos ici. Pourquoi ? Mystère et boule de gui ! J'avais pas le coeur et puis j'avais à faire sur le bateau et pour le boulot. Bon, la lumière revient ! Je me disais en effet depuis quelques semaines qu'il faut épuiser les stocks et s'attaquer à du nouveau. Il y a des réserves à balancer par dessus bord, ici dans cet océan inconnu... Pour info et par exemple, l'illustration à gauche là, c'était un projet de sculpture monumental s'intitulant "Lumière". C'était des phares-girouettes tournant avec le vent. C'était il y a vingt ans...

Silence, on tourne


Dessus vient l’temps voleur fourbu, publimétrique, de nos mépris bientôt casqués. Souillures bordées de quiétude grasse bientôt fissures qui cracheront sans douleur, rectifiés sur les tapis verts, les beaux zaccords des massifs rassemblements. L’ovation aux cocufiés, aux frictionnés, aux fictionnés dans le grand stade, dans l'enceinte des milliards de mineurs Munich de l'histoire. Des matins sans jour. Tiens, toi ! Homme de la rue sans embarras. Tes pas écrasent du cri incandescent, des gorges de quêteux débris que des crématheux souffleurs de maux brûlent à la bourse des éditions. Ton oxygène ? t’as vu ? Déjà trop tard ! Mais le voit-on ? Les champs d’hommes, les corps élevages travaillés par les machimages d’un bout à l’autre de la planète. Et toi, moi, l’autre qui numencre là-bas à tour de bras. Là, on s’articule. Tous minus, tous ridés, tous cul. Et pourtant, elle tourne…