PAUL-EMILE QUIGNAUX
samedi 27 mars 2010
C'est fini, qui vivra verra...
samedi 20 mars 2010
Fragments d'interview sur mes vols d'Edo
Question : Votre souvenir le plus fort ?
Q : Des trépassés ?
R : Sans doute, mais je n’y ai rencontré aucun de mes morts, que des sourires évanescents, indifférents à notre présence. Par contre, beaucoup d’oiseaux de nuit surpris de me voir si haut, dans mon âme, sorti sans ailes de mon corps. Non, aucune sensation mortifère. Là-haut, la finitude est incongrue, déplacée, presque risible. Il en est de même pour l'idée d'éternité. C'est incompréhensible. D'ailleurs, en vol, de ça, je crois qu'on s'en fout !
Q : Vos amis de vols ?
R : On se devinait au loin sans pouvoir jamais s’approcher. Par exemple, je savais Myasaki en suspension au dessus de Shibuya, Goran de Kichiyogi et Thierry suivant l’invisible Sumida. Aucun de nous ne contrôlait totalement son vol. Des aimants semblaient nous guider. Planeurs de nuits, nous suivions leurs champs de force et seulement parfois nous pouvions passer de l’un à l’autre. Curieusement, sans nous voir, nous nous ressentions. Cela nous procurait une confiance absolue…
Q : Tokyo de là haut ?
R : Nous l'appelions Edo, c'est-à-dire de l'ancien nom de Tokyo mais ça n’a pas d’importance. Nous planions seulement au dessus de ses villages. C’était surtout un ailleurs d’odeurs, d’images et de vibrations. Une caresse du temps et de l’espace recourbé sur nous, des senteurs amazoniennes mêlées aux gaz carbonique de Londres, des fraîcheurs d’iceberg colorées de blés mûrs surchauffés par le soleil, des embruns atlantiques déposés dans les Oueds du Désert de Libye. Là haut nous n’avions qu’une certitude, nous percevions qu’en bas la terre tremblait sans cesse. Des ondes multiples et infimes, permanentes et vibrionantes.
Q : Comment décolliez-vous ?
R : Pour partir, il ne fallait que se regarder et sur la natte s’endormir un à un. Un air très sec était nécessaire pour s’échapper de nos carcasses. Le corps astral comme les chats déteste l’eau. On se détachait sans angoisse, sans nervosité, sans même le savoir. Les aimants venaient nous prendre délicatement, nous accueillaient aimablement et avec une sorte de ferveur attentive dans leurs rondes atomiques. Aucune tension en haut, pas d’émotions, pas de désirs. Là haut, nous étions des amybes célestes, des cellules sensorielles, des corps sans matière, des particules, des atomes personnifiés…
Q : Vous voliez souvent ?
R :Je vous l’ai dit uniquement par temps très sec. Cela limite beaucoup. Moi j’ai volé trois fois sur mes sept séjours à Edo. Thierry, Goran, Myasaki et Kichiyogi qui y vivaient volaient trois à quatre fois par an…
Q : Mais, c’est impossible de vous croire …
R : Nous ne demandons pas à être crus. Certains savent et d’autres pas. Cela nous était offert et nous ne savions pas pourquoi …
Q : Donnez une preuve ?
R : Aucune n’est possible. Ah si il en existe une. Une vieille prostitué de Yoshiwara. Repoussés dans nos corps par une force douce et imparable, nous sortions de nos désincarnations terriblement affamés. Cette vieille prostituée au visage de momie était insomniaque et tenait une sorte de micro-épicerie éclairée par une lanterne. Nous nous y précipitions. Elle nous accueillait d’un grand éclat de rire, sortait une sorte de purée blanche très sucrée à base de racines dont nous baffions comme des porcs. Elle riait de plus belle à nous voir et nous servait ensuite une sorte de soupe de navets marronnasse, du thé et enfin de la bière. On ne lui parlait pas. Elle était la complice de nos vols. Elle vit toujours. Je suis passé la voir lors de mon dernier voyage. Malgré les trente ans passés, elle m’a reconnu et m’a simplement dit narquoise: « tu passes cette nuit ? ». J'ai éclaté de rire et l'ai embrassée. Ses joues ont rosi telle une adolescente.
Brochette de cachalots
Alors, vous voyez, vous prenez une grosse tringle à rideau et puis vous y allez. Un cachalot , un chamalow , un cachalot, un chamalow, un cachalot, un chamalow, vous les enfilez, les uns à la suite des autres, comme pour une brochette. Faite attention, les cachalots peuvent être encore humides et, si vous ne vous essuyez pas les mains après chaque cachalot vos doigts vont coller aux chamalow. Une demi-douzaine de chaque que vous saupoudrez de safran et nappez ensuite de milkshake fraise. Vous cachecolez le tout dans une grande lamelle de feuille de bananier et vous mettez au micro-onde le temps que les cachalots ne frétillent plus. Ensuite, vous grillez au chalumeau le dos des cachalots et chaque face des chamalow. Vous dégusterez avec un chablis que vous aurez portez à ébullition pendant la cuisson et refroidi violemment par une eau gazeuse énergisante glacée juste avant de servir. Un filet d'huile d'arachide voire mieux de foie de morue sur chaque tringle garnie pour finir. Bon appétit…
Pamanteries...
dimanche 7 mars 2010
Lesbiennes sérieux !
Garde à vue
Laisse-cargo
Guantananaries
Myopathe terminal
vendredi 19 février 2010
Exécution impériale
Empereur aux sens fragiles. Trône pétoire. Toutes ses lois abattoirs. Sa gabelle sur le miel, le seigle, les chèvres et les femmes. Plein de pourboires en cassation. Incunable tenace posant sa main au loin vers ses archipels à l’horizon. Il tourne vers moi ses yeux grisés sans sagesse, acide, songeur, hâbleur. Mélange de soif, d'hébétude et de déception. Rage aux bas-joues barbes. Prophète en carriole. Peuple éperdu sur les routes. Ses lèvres bleuissent. Sa verve en écharpe. Ses discours à béquilles. Déjà connu, déjà vu. On joue ? Regard circulaire de lui à moi : "A quoi ?" Rétention du temps sans compassion,. Clin-d’œil et rires jaunes. Il sort une dague: "A ça ?" Entre les doigts écartés sur la table, en saccades, pluie de grêles, entre les phalanges. Lame éclair entre les os, plantée et reprise au bois. A qui s’y coupera un doigt ! Empereur pas hostile. Juste débile. Face hostie fourguée aux niais. Mariole à corruption. Nez coulant. Empereur obscur des mines de sel, de larmes, d’argent, de peur, de sang. Sa Majesté s’affale. Une vierge servante s’effondre sur les tapis dans ses plats. Les laquais complices l’insultent. Elle rougit, tire sur sa jupe. On voit le haut de ses cuisses. Personne n'a entendu. 9 mm rougissent entre les yeux serpent du metteur en peur. Je pars. Personne ne m'a vu.
Tanatha
dimanche 14 février 2010
Méprise
Macumba no
lundi 8 février 2010
Coqs au nord du Rio Grande
samedi 6 février 2010
Châles
Foutre d’veste, cyprès d'châle noir en plis d’nuages, sirocco d’village. Sommes vieux et vieilles qui crient des mains aux postes désertes, à l’école débris. Reste une marelle retracée à la peinture, monumenfant aux disparus; Hémorragie en châle en noir de morts à venir. Qui portera ma boite ?
Libres arbres
J’imagine des forêts gigantesques dans nos montagnes, des arbres de morts. Des enfants sur les décompositions entre les marques bustives de nos passages y font collection de feuilles abandonnées chues à la patience de l’humus comme gestes, regards, sourires et pleurs des branchus que nous étions. J'imagine des fontaines de racines plongées dans les restes particules chevauchant les os, nourries des carnes et chairs ensevelies là. J'imagine des ombres au vent, tièdes et douces effleurant les jeunes pousses, vibrantes de vivre, terrées des larmes des disparus. Pour la Liberté les fous de 89 avaient planté un arbre. Pour la mienne, pour mon trépas, je veux des arbres.
dimanche 24 janvier 2010
Le poirier
Déluge
lundi 18 janvier 2010
Allons z'enfants ….
De grands masques silencieux comme l'ypérite. Dents blanches avec par derrière de l’y-voir sale. Un goût âcre de rétention et de jeunesse éventée. Un étaillage de mots et de mépris, de justifications et de permissions pour retenir le silence. Pousse à pisser de peur pressante et, dans les miroirs, la panique et les pertes de même qu’un soir le fonctionnaires ne rentre pas, couché sur un banc dans le métro, le sang d’un viol sur la bite. Des enfants bien à eux, en ruptures consommées, le mal au cœur suractivé, juchés un peu partout, dépris par les mots, rompus, repus des raisons asservies de leurs aînés, des vieillards jeunissant bafoués et sucés par l’attente, leur lucidité réduite à se courber sans remuer les lèvres sur le procès ouvert à vingt ans et qui fait déjà jurisprudence chez les mioches à huit ans. Des couples à la découpe de l’écoute qui entendent buissonner la répétition et le crépitement de leurs cellules en division. Des yeux secs, secs, incapables de pleurer…
dimanche 20 décembre 2009
September 2002
Vents rectilignes qui passent tièdes et marins. Estuaires et suaires. Dans la poussière déambule une vieille chinoise, le dos chargé deux sac-montagnes en plastique plein de boitaluminium pieusement pargnées; coca, sprite, bières et quanti tutti.
Au carrefour braille un fauteuil sans-jambes qui passe sur un égout, gueule et freine, y reste ivre dans ses bouffées chaudes, extatique, templant de son rire hagard le carré de Ground Zero.
Des chiens Cueco par centaines de Wall Street et de plus haut sont descendus, cabots consciencieux qui dans les blés en herbe sussotent de jeunes épis sans répit. Meutes fantômes dans la lumière, en bure tweed et cachemire nimbé de For Men Diesel.
Une catholique fait la manche « God bless you » consacrée, en proie, guettant les plaies de ces lasquenets qui se comblessent. «Walk !» fait la loi. De l’asphalte sortent des enfants nus qui streetent la vieille chinoise, se volièrisent, mordent les oreilles des chiens Cueco, les lèvres du sans-jambes et la prière catholique. Les sirènes sont là, toujours là !
Un tilleul peut-être ?
Murmûres
lundi 30 novembre 2009
Mort fine !
Trafic d'orgasmes
Dans les mouroirs cossus de grandes villas boisées aux limites de la ville, à l’opposé des terrains vagues, des tôles et planches de l’insurrection impossible, rêvent dans l’ombre, bière en mains, des hommes gras aux lèvres minces , de blanc blousés, que viennent visiter les dames pour s’amuser un peu, toucher le sang affleurant des béances encore ouvertes de corps anesthésiés. Sous la lumière cyalithique, certaines, celle-là par exemple, venue cette fois sans mère, enfoncent leurs doigt dans la matière d'un rein tressautant .Jeunes et belles, elles se maculent, sortent leurs seins, mâchouillent des petits bouts de caillots, des éclats inutiles de chairs ou d'os, relèvent leur jupe, se barbouillent, se détrempent , se mouillent sous les rires des hommes aux bières dollarisant chèrement leurs permissions.
lundi 23 novembre 2009
Y a de la reprise dans l'air ?
Silence, on tourne
Dessus vient l’temps voleur fourbu, publimétrique, de nos mépris bientôt casqués. Souillures bordées de quiétude grasse bientôt fissures qui cracheront sans douleur, rectifiés sur les tapis verts, les beaux zaccords des massifs rassemblements. L’ovation aux cocufiés, aux frictionnés, aux fictionnés dans le grand stade, dans l'enceinte des milliards de mineurs Munich de l'histoire. Des matins sans jour. Tiens, toi ! Homme de la rue sans embarras. Tes pas écrasent du cri incandescent, des gorges de quêteux débris que des crématheux souffleurs de maux brûlent à la bourse des éditions. Ton oxygène ? t’as vu ? Déjà trop tard ! Mais le voit-on ? Les champs d’hommes, les corps élevages travaillés par les machimages d’un bout à l’autre de la planète. Et toi, moi, l’autre qui numencre là-bas à tour de bras. Là, on s’articule. Tous minus, tous ridés, tous cul. Et pourtant, elle tourne…